lundi 10 octobre 2016

• L'éveil, le bonheur, sont notre nature et notre demeure véritable - Patrice Gros


Cet ouvrage est le fruit de 25 ans d'enseignement et de pratique du Reiki. Notamment, la première partie aborde les points cruciaux, ainsi que la philosophie, de cet art énergétique sacré.
Tout un chapitre est dédié aux pratiques méditatives de base transmises par Usui sensei, le fondateur de cet enseignement, et un autre traite de la relation entre la non-dualité, l'éveil spirituel et le Reiki.
Ce livre est l'un des plus aboutis que Patrice Gros ait écrit (avec son tout premier "L'art et la pratique spirituelle du Reiki", réédité chez Grancher également).

Vous y trouverez, notamment dans le Chapitre 8 : "Reiki et éveil de la conscience", le témoigne de Nicole Montinéri, particulièrement émouvant. Celui de Patrice Gros, "Une immersion momentanée dans l'éveil" ; celui de Christophe, qui bascula dans la non-dualité suite à son initiation au Reiki : "Le Reiki n'est qu'une prolongation de cette conscience" ; et enfin celui de Suyin Lamour, "Un secret ouvert".

Extrait choisi publié avec l'aimable accord des Éditions Grancher

LA GRÂCE

Pour conclure cet ouvrage, j'ai juste envie de partager avec vous cette joie spacieuse à laquelle la pratique du Reiki nous invite, et vous dire, du fond de mon coeur : soyez heureux, maintenant ! Quelles que soient vos préoccupations présentes, laissez cette joie se manifester. Je la sais communicative et contagieuse.

Cela nous demande aussi d'effectuer un saut dans le vide, sans parachute. C'est apprendre à lâcher-prise et à s'abandonner, complètement et ouvertement, à chaque instant. C'est le "oui inconditionnel" auquel je faisais référence en parlant du gasshô. Une fois que l'on a vraiment fait ce saut, nos cellules en gardent la mémoire. Par la suite, ce processus se met en route de lui-même, à chaque nouvelle situation qui demande de s'en remettre à ce qui est. On est même surpris de voir que, malgré soi, cela agit presque automatiquement. Cela veut dire aussi que ce n'est plus le petit moi, illusoire qui plus est, qui est aux commandes. On découvre alors que c'est la Vie, ce quelque chose de bien plus grand que notre conscience limitée, qui agit à travers nous... C'est cela que je souhaite partager avec vous en cette fin d'ouvrage, parce que le sous-produit en est un sentiment de joie infinie.

En réalité, tout est absolument parfait, là, tel que c'est. Même si l'on pense que les conditions ne sont pas ce qu'il pourrait y avoir de mieux dans sa vie, le fait même qu'elles sont ce qu'elles sont et qu'elles se présentent à soi de cette façon montre, qu'au regard de l'Univers, de Dieu ou de la Vie (quel que soit le nom que vous souhaitiez lui donner), cela est juste, même si on ne le perçoit pas ainsi.
Lorsqu'il n'y a plus d'opposition à ce qui est, c'est la libération et la source d'une joie indicible ! Faites-en l'expérience. Tout se manifeste à nous mystérieusement, et s'il n'y plus de résistance de notre part, alors la vie devient surprenante et nous révèle ses nombreux bienfaits. Cela renforce un sentiment de bonheur, de bien-être et de paix intérieure. Beaucoup d'êtres établis dans la Présence appellent cela la "grâce"...

Les êtres éveillés nous disent constamment que tout se déroule exactement de la façon la plus juste qui soit pour chacun d'entre nous, à chaque instant. Ne pas offrir d'opposition est la clef. Alors, dès maintenant, soyons en paix avec "ce-qui-est" notre réalité présente. Vous le savez sûrement, pour en avoir je pense fait l'expérience, que plus on lutte contre quelque chose, plus on renforce sa réalité et que ce ne sont pas les évènements en eux-mêmes qui posent problème mais la façon dont on les perçoit, et surtout la résistance qu'on leur oppose.
Ici et maintenant, soyons donc heureux pour nous-mêmes, soyons heureux pour l'Univers entier, et soyons aussi heureux... pour rien. Soyons simplement heureux d'être heureux ! Nous pouvons cheminer avec les situations et les circonstances de la vie, et explorer ce monde tel qu'il se manifeste à nous, avec ouverture et curiosité. Face à ce que nous vivons, permettons-nous de faire voler en éclats nos concepts et toutes nos croyances limitatives, celles que le mental conditionné nous impose. Car même si notre existence n'est pas une source de bonheur, même si nous ne sommes pas satisfaits sur le plan relatif ou si les conditions extérieures ne favorisent pas une totale plénitude, nous pouvons malgré tout être en paix avec cela.
Dans ce lâcher-prise et cette absence de lutte, la paix ressentie se mêle à une joie profonde. On ne peut donc pas y échapper ! Ce bonheur est là, en nous, autour de nous, avec nous, pour nous. Nous y avons droit, nous y baignons à chaque instant, continuellement. C'est une joie d'être spacieuse qui emplit tout notre espace intérieur, tout notre coeur, et qui est l'essence même de la Vie... Goûtons-y !
Malgré tout si, en cet instant, nous ne nous sentons pas totalement heureux, s'il y a encore en nous un sentiment de manque ou une résistance à être joyeux, comprenons bien que cela aussi est parfait en soit, simplement parce que c'est 'tel-que-c'est', et parce que c'est ce qui se présente à nous de cette manière, dans notre moment présent. En même temps, reconnaissons que notre être profond n'est en rien affecté. Faisons davantage confiance, car si on ne peut changer les situations extérieures, on peut générer ce bonheur en soi-même. C'est, étrangement, en cessant de résister que cela se produit.
Nicole Montinéri me disait un jour : "La vie peut être "violente" mais jamais exempte d'Amour... Merci à la Vie qui sait ce qu'elle fait." Alors, plutôt que de batailler avec la vie, il y a juste à s'y abandonner. Cela modifiera notre perception et notre existence sera vécue avec simplicité et plus de complétude.
Reconnaître notre condition présente en tant que "ce qui est" libère une énergie et une joie infinie. Et du point de vue de cet état de joie, tout est perçu différemment, même si les conditions semblent difficiles pour nous. N'offrons donc de résistance à rien. N'opposons pas ce qui est à ce que nous voudrions qu'il soit. C'est justement cette résistance qui est le véritable problème, et non les prétendus problèmes eux-mêmes.
En cette non-(ré)action, tout l'univers se déploie et nous entraîne dans son courant de perfection, d'instant en instant. Et cette acceptation inconditionnelle face à ce qui est devient source de contentement. Vraiment, soyons heureux car, fondamentalement, nous sommes inséparables de ce bonheur. La Vie même nous y invite !
Nous pouvons donc nous détendre et arrêter de lutter puisque, comme l'enseignait le grand sage de l'Inde Ramana Maharshi : "Tout ce qui doit arriver arrivera, quels que soient vos efforts pour l’éviter ; tout ce qui ne doit pas arriver n’arrivera pas, quels que soient vos efforts pour l’obtenir." Ou, comme le dit encore Anita Moorjani : "Je pense également qu’il est très important de voir la perfection dans l’instant. Le moment présent est très puissant. Chaque instant renferme une promesse, chaque moment peut être un virage pour toute votre vie.
Je suis souvent incomprise lorsque je dis que chaque moment est parfait, que tout est parfait. Les gens ont peur de voir la perfection dans une situation qui ne leur convient pas, ils pensent que voir la perfection signifie ne rien changer. Pour moi, voir la perfection ne veut pas dire conserver la situation statique. Cela signifie voir la perfection à l’endroit précis de son voyage en cet instant même, peu importe où on se trouve. Voir la perfection dans l’instant, où que se trouve ce moment dans le voyage. C’est cela voir la perfection."

Cela est comparable à ce qui se passe en méditation. Bien souvent, nous souhaiterions de meilleures conditions ou un meilleur environnement, tant extérieur que mental. Sans cesse nous opposons ce que nous voudrions à ce qui est notre situation présente. Du coup, notre méditation est un champ de bataille, plutôt qu'une source de paix et de bien-être, car elle devient synonyme de lutte. Considérons maintenant que les conditions de notre méditation, qu'elles soient agréables ou insupportables, sont justement ce qui nous est demandé d'observer ou d'expérimenter. Réalisons ensuite que c'est notre propre esprit qui rend les choses faciles ou compliquées. Plutôt que de résister, rencontrons simplement ce qui se présente à soi avec ouverture. Faisons-en notre pratique du moment, notre support de méditation et d'attention. Accueillons ce moment présent, ce parfait miroir, tel qu'il est, avec aisance et détente. Offrons-lui un "oui absolu", lâchons prise et abandonnons-nous à ce qui, justement, se trouve là, devant nous. Le fait de s'en remettre ainsi, à ce qui se présente à soi, relâche une tension ainsi qu'une pression incroyable, et libère une joie d'être insoupçonnée. Là encore, faisons-en l'expérience...
Maintenant, transposons cela dans notre vie toute entière, à tout moment. Vous verrez que le processus est le même ainsi que la joie ressentie. Tout devient considérablement plus léger, beaucoup plus fluide et ouvert, et un profond bonheur peut ainsi être éprouvé. Celui-ci repose à la fois sur le fait de ne pas résister ni de s'opposer, mais aussi de s'abandonner et de s'en remettre inconditionnellement (sans le faire de façon passive ni soumise pour autant), et de s'ouvrir avec sincérité à ce-qui-est. Ceci est l'essence du lâcher-prise.
Cette dilatation du coeur ne repose sur rien d'extérieur. C'est juste que l’on peut se sentir rempli, comblé en soi-même, relié, sans aucune notion de manque et, reconnaissant cela, on prend conscience qu'il peut en être ainsi pour chacun d'entre nous. Cette joie n'est pas la propriété d'une élite, mais elle est ce que nous sommes, au-delà des circonstances de notre vie. Cette joie est sans objet et nous ouvre à un amour débordant. En écrivant cela, je prends conscience que c'est aussi avec cette plénitude que chacun est mis en résonance à travers les initiations du Reiki.

Encore une réflexion : certains enseignants parlent parfois de basculer dans la dimension de l'éveil. Mais je ressens que c'est en fait le contraire qui se passe. L'éveil, le bonheur, sont notre nature et notre demeure véritable. En un sens, nous y sommes déjà. Mais pour une raison que j'ignore, nous avons plutôt basculé dans l'illusion et la confusion. Selon le sens étymologique du mot "péché", c'est comme si nous avions "manqué la cible ou le but". Peut-être, qu'effectivement, nous passons à coté de quelque chose qui se trouve là, si près... Il n'y aurait donc rien à faire de spécial pour se retrouver dans cette condition originelle, à part d'arrêter de s'opposer et d'ouvrir simplement les yeux, de se tenir dans ce regard ou cette "Vue", de demeurer dans cette reconnaissance. Juste revenir dans ce qui précède ce moment de bascule... et y maintenir son être dans l'Être.

Pour plus d'infos, voir le site Reikido-France