vendredi 6 août 2010

• Rrestez dans un état de fraîcheur naturelle - Dudjom Rinpoche


La nature de l'esprit est la nature de la réalité absolue. Débarrassée de toutes les caractéristiques conditionnelles et artificielles fabriquées par l'intellect, cette nature est établie avec certitude dans la conscience. La conscience apparaît nue en tant que sagesse primordiale auto-générée. Cette conscience ne peut pas être exprimée par des mots, ni montrée par des exemples. Elle n'est ni corrompue par le samsara, pas améliorée dans le nirvana, ni née, pas plus qu'elle ne cesse d'être, ni libérée, ni confuse, ni existante, ni non existante, ni délimitée, ne penchant d'aucun coté. En bref, depuis le début, la conscience n'a jamais existé comme une entité substantielle ayant des caractéristiques élaborées : sa nature est primordialement pure, vide, vaste et omniprésente. Puisque le rayonnement de la vacuité est non entravé, l'océan des phénomènes du Samsara et du Nirvana apparaît spontanément, comme le soleil et ses rayons, la conscience n'est pas non plus un néant sans rien, complètement vide, parce que son expression naturelle est la sagesse primordiale dont les qualités sont vastes et accomplies spontanément. Donc, la conscience, dans laquelle les apparitions et la vacuité sont inséparablement unis, est le souverain naturel des Trois Kayas, et la voie naturelle de l'état primordial. Reconnaître exactement ce que c'est constitue la Vue de la Grande Perfection. 


Comme le Grand Maître, Gourou Padmasambhava l'a dit : « Le Darmakaya, au-delà de l'intellect, est la nature même ». 
Quelle merveille donc d'avoir entre les mains l'Esprit de Kuntuzangpo ! C'est le cœur même des six millions quatre cent mille tantras de la Grande Perfection qui sont eux-mêmes le summum des quatre-vingt quatre mille sections de l'ensemble des enseignements du Seigneur Bouddha. Il n'y a pas même un pouce à rajouter à ceci. L'élucidation ultime de tous les phénomènes devrait être accomplie selon ceci.

Ayant donc coupé de l’intérieur tous les doutes et idées fausses à propos de la Vue, faire l’expérience de cette Vue continuellement est appelé méditation.

A part ceci, toutes les méditations qui ont un but sont des méditations intellectuelles élaborées par les pensées, nous ne faisons rien comme cela. Sans vous écarter de la fermeté de cette vue, restez libres, relâchant toutes les perceptions des cinq portes des sens dans leur état naturel. 
Ne méditez pas sur des détails, en pensant « C’est ceci, c’est cela ». Si vous « méditez », c’est l’intellect. Il n’y a rien sur quoi méditer. Ne vous laissez pas distraire, ne serait-ce qu’un instant. Si vous vous éloignez de votre demeure dans la conscience elle-même, cela est la véritable illusion, ainsi ne soyez pas distrait. Quelles que soient les pensées qui apparaissent, laissez-les apparaître. Ne les suivez pas, ne les entravez pas. Vous pourriez vous demander ? « Alors qu’est-ce qui devrait être fait ? » 
Quelles que soient les manifestations du monde phénoménal qui puissent apparaître, restez dans un état de fraîcheur naturelle, sans vous attacher à elles comme un petit enfant qui regarde à l’intérieur d’un temple. Si vous agissez ainsi, tous les phénomènes restent à leur propre place, leur aspect n’est pas modifié, leur couleur ne change pas, leur éclat ne s'estompe pas. Bien que le monde phénoménal soit présent, si vous ne le contaminez pas en voulant et en vous accrochant, toutes les apparitions et pensées s’élèveront comme la sagesse originelle nue du vide rayonnant. Le grand nombre d’enseignements soi-disant très profonds et très vastes déconcertent les gens à l’intellect étroit. Aussi, si nous devions montrer du doigt la signification essentielle qui ressort d’eux tous, on dirait que lorsque les pensées passées ont cessé et que les pensées futures ne sont pas apparues, dans l’intervalle, n'y a-t-il pas de perception du maintenant, une fraîcheur vierge, impeccable, claire, éveillé et nue qui n’a jamais changé d’un cheveu ? Oh ! C’est la conscience elle-même. 
Maintenant, on ne reste pas à jamais dans cet état. Est-ce qu’une pensée n’apparaît pas soudainement ? C’est une manifestation de la conscience elle-même. Mais si vous ne la reconnaissez pas comme telle au moment même où elle apparaît, cette pensée se répandra en tant que pensées ordinaires. C'est ce qu'on appelle « la chaîne de l’illusion ». C’est la racine du samsara. Si vous reconnaissez simplement la nature des pensées immédiatement quand elles apparaissent, sans les développer, en les laissant libres à elles-mêmes, alors toutes les pensées qui apparaissent sont toutes spontanément libérées dans l’étendue de la conscience – le Dharmakaya. Ceci, en soi, est la pratique principale unifiant la vue et la méditation de Thregchöd (trancher la solidité de l’esprit). Comme Garab Dorje l’a dit : « Quand la conscience apparaît soudainement de l’état naturel de l’étendue primordialement  pure, ce souvenir immédiat est comme trouver une pierre précieuse dans les profondeurs de l’océan. C’est le Dharmakaya qui n’a pas été inventé ou fabriqué par qui que ce soit ». Vous devriez faire l’expérience de ceci avec beaucoup d’énergie, jour et nuit, sans distraction. Ne pas permettre à la vacuité de rester dans le domaine de la théorie, ramener chaque chose à la conscience elle-même.