mercredi 3 mars 2010

• Immaculée perception - Monko


Une polémique, toujours la même d'ailleurs, semble secouer à nouveau le monde de la non-dualité sur le web... Une critique, parfois justifiée, s'élève contre ce que certains appellent le "neo-advaita". Voir à ce propos l'article de José sur son blog, concernant Dennis Waite et son nouveau livre : L'illumination, le chemin dans la jungle".


Extraits du blog de José Le Roy : 

"Ici il s'en prend au courant satsang ; sont visés des gens comme Jeff Foster, Wayne Liquorman, Tony Parsons , Adhyashanti, etc. Le neo-vedanta ne désigne pas ce courant de la fin du XIXème siècle (Ramakrishna, Vivekananda) mais un mouvement apparu depuis les années 90 en Occident sous l'influence de Poonja essentiellement.
Que lui reproche Waite ?
Beaucoup de choses parfois justifiées, parfois moins.
D'après lui, ce mouvement d'enseignants  est plutôt négatif (p20). Assister à des satsangs n'est pas recommandable (p 137). Ce sont surtout des paroles creuses (p 129) qui peuvent même conduire le chercheur à « une totale désespérance » (p 129). Cette méthode d'enseignement est un échec (p. 123). Waite parle même au sujet de ces enseignements de « fast food » de l'enseignement non-duel (p 115). Certains de ces enseignants recherchent surtout l'argent facile (faire payer cher ou très cher pour dire qu'il n'y a rien à faire est un bon business pas fatiguant (p 125)). Les satsangs sont très répétitifs et finalement tout le monde peut en donner en répétant comme un perroquet : «  il n'y a rien à faire, il n'y a rien à faire ». Ces enseignants d'ailleurs n'ont aucune autorité n'étant reliés à aucune lignée traditionnelle (sampradaya). Des mots durs sont employés : charlatans, immoralité...
Les satsangs sont populaires parce qu'ils affirment qu'il n'y a rien à faire et  que nous sommes déjà illuminés. Cet enseignement correspond bien, d'après Waite, à la mentalité des occidentaux qui veulent tout tout de suite, qui sont  fainéants et rechignent devant l'effort, la discipline, l'ascèse.
Waite recommande donc de fuir ces enseignants à la mode pour trouver un maitre spirituel authentique issu d'un enseignement traditionnel (par exemple la lignée de Shankara)
Le constat est sévère, mais Waite présente des arguments interessants.
La cause du problème vient, d'après lui, d'une confusion entre le niveau de vérité ultime (paramartha) et le niveau de vérité relative (vyavahara). Pour Waite, dire que les gens sont déjà illuminés, qu'il n'y a pas de libre arbitre, qu'il n'y a rien à faire, qu'aucune pratique n'est nécessaire, qu'aucune voie n'est utile est une erreur. C'est vrai au niveau de l'absolu mais pas au niveau relatif, qui est celui où se situe le chercheur. Ainsi, cette absence de méthode n'est d'aucun secours pour le chercheur puisqu'on ne lui propose aucune voie spirituelle. Un véritable enseignement prend les gens où ils sont et leur offre un chemin vers la réalisation. Ce chemin nécessite des années de travail d'ailleurs et non quelques heures. « Ne rien faire ne produira rien » (p 137).
Waite montre de plus une contradiction manifeste chez ces enseignants qui parcourent le monde pour enseigner qu'il n'y a aucun enseignement...Si il n'y a rien à faire, restons chez nous et taisons nous ! "

Puis, suite à ce billet semble-t-il, une question s'est élevée sur le blog de Monko
" Bonsoir Monko,
(là il est question d'un passage concernant le livre de Dennis Waite et sa critique du néo-védanta...)
Je ne dis en aucun cas que vous êtes un manipulateur, ni quelqu'un qui cherche à faire du profit, bien au contraire.
Je ressens simplement une grande incompréhension en vous lisant, je me sens perdu.
Je peux dire "Il n'y a que l'Un, tout est parfait, il n'y a rien à faire".
Mais je ne l'expérimente pas, alors ce ne sont que des croyances.
Que puis-je faire, concrètement. Vous aussi avez été chercheur, pouvez vous le vous remémorer et dire ce qu'il aurait été bien que vous entendiez, quand vous étiez encore chercheur ? "


Voici une partie de la réponse proposée par Monko : 


" Il existe quelques méthodes, mais nous devons bien nous entendre là-dessus: aucune méthode n'est possible pour nous faire aller là où nous sommes déjà, rien ne peut s'immiscer entre Toi et Toi. L'éveil est une reconnaissance impersonnelle, un savoir intemporel, une éternelle Vision qui se reconnaît ici et maintenant, et il n'existe aucune condition préférable à une autre, rien qui ne puisse être enseigné de l'extérieur. La condition nécessaire est celle qui se présente.
Une chose possible est, par exemple dans des moments silencieux comme la méditation assise, de laisser s'inviter, sans intention, tout ce qui le souhaite, et de voir et comprendre que tout ce qui s'élève ne peut être qu'un objet, un objet perçu. Ce "tout" peut être une pensée ou une émotion (mental), une sensation ou une tension (le corps) ou une perception sensorielle (le monde). Tout ce qui surgit dans le champs de la Conscience est perçu et ne peut être considéré comme "moi". Aussi, le mental, le corps et le monde vont et viennent, ne sont pas présents tout le temps, et surgissent en Moi, le percevant. JE suis le percevant de tous les objets qui ne sont qu'une partie limitée de la totalité et ne peuvent être la source de l'être continu que je me sais être. Des instants privilégiés sont l'endormissement et le réveil: à l'endormissement, je vois le monde, le corps et le mental petit-à-petit se résorber en moi, en l'être qui lui ne va ni ne vient, ne naît pas et ne meurt pas, ne s'éveille pas et ne s'endort pas. Au réveil, la première chose est le parfum de cet être, de la joie sans cause issue du sommeil, conscience pure en laquelle les objets vont revenir; et l'éventuelle identification à la première pensée (la pensée "je") et aux sensations corporelles qui vont renforcer cela, va pousser le parfum et la joie momentanément dans les coulisses. Cette identification, source de la souffrance, n'est pas une erreur, c'est aussi l'expression de la vie et l'invitation. La séparation apparaît, mais à qui? A qui ou à quoi apparaissent les pensées, les sensations, les perceptions ? Je vois que je ne suis pas (ou pas seulement) le corps ou mes pensées : qui ou que suis-je ? Ce que je me sais être peut-il être localisé, dans le temps et l'espace? Où est "moi" ? Je suis (objectivement) introuvable, mais je suis, cela est une évidence, n'est-ce pas ? "Je suis" est-il dans le corps, dans les pensées, dans le monde ? Tout cela relève donc de la voie de l'investigation, de la reconnaissance de ce que je ne suis pas, conduisant à l'intuition de ce que je suis.Ceci peut conduire à un état de détachement, d'une forme de clarté, de détente, et amener la compréhension au mental (ou à l'intellect) qu'il ne peut comprendre ce qui est au-delà des états, aussi profonds ou subtils soient-ils, et de plus, toujours impermanents. Il est de mon point de vue absolument essentiel que l'amour s'invite, l'amour débordant pour ce qui est, pour cette merveille qu'est le jeu de la vie, le théâtre de Dieu. Dans cet amour vont s'effondrer tout perçu et tout percevant pour ne laisser la place qu'à l'immaculée perception; même l'amant et l'aimé vont se consumer, c'est-à-dire seront vu comme Un, Un dans l'amour, l'amour inconditionnel qui est la nature de l'existence.
L'autre méthode, tout autant traditionnelle, a été évoquée: la confiance dans le maître, non dans sa personne mais sa présence, qui est notre présence. La présence en nous cherche un écho de sa réalité là-bas, encore recouverte d'ignorance. Et ainsi, dans les satsangs, ce ne sont pas seulement les mots du maître qui sont recherchés, mais le parfum de la présence, qui est goûté impersonnellement, en dehors des organes de perception traditionnels. Fréquenter ce parfum est indispensable. Et pour réponde sur ce point à Waite, pour ce que j'ai vu de Foster, je ne ressens pas cette Présence derrière ses "il n'y a personne" ; et je ne perçois que Cela derrière les "il n'y a personne" de Tony Parsons, ou derrière les explications parfois "intellectuelles" d'un Francis Lucille...
Donc je conseille d'aller au satsang, d'aller goûter au parfum de la Présence. Si ce n'avait été fait, je te rappelle également qu'on peut tout-à-fait venir me voir. C'est gratuit et c'est, en tous les cas pour moi, joyeux. "
Monko
En conclusion, voir également cette réponse de Ruper Spira, déjà publiée sur Éveil Impersonnel.

Voir aussi la remarque de Gojo sur son blog.

Ainsi qu'un nouvel éclaircissement proposé par Monko.

Et un dernier commentaire de José, sur son blog