jeudi 13 septembre 2007

• Et il n'y a rien de particulier à faire - Sogyal Rinpoché

Et il n'y a rien de particulier à faire

Sogyal Rinpoché

L’éveil est une réalité. Qui que nous soyons, nous pouvons réaliser la nature de l'esprit et découvrir en nous-mêmes ce qui est immortel et éternellement pur, si nous bénéficions des circonstances appropriées et de l'entraînement adéquat. C'est ce que nous promettent toutes les traditions mystiques du monde ; et c'est ce qui s'est réalisé et se réalise encore aujourd’hui pour des milliers d’êtres humains.

Cette promesse a ceci de remarquable qu'elle n'est ni exotique ni fantastique ; elle ne s'adresse pas à une élite mais à l'ensemble de l'humanité, et les maîtres nous disent que nous serons surpris de la trouver tout à fait ordinaire lorsque nous la réaliserons.

La vérité spirituelle n'est ni compliquée ni ésotérique, elle relève du simple bon sens. Quand vous réalisez la nature de l'esprit, les voiles de confusion disparaissent les uns après les autres. A vrai dire, vous ne « devenez » pas bouddha, vous cessez simplement, graduellement, d'être dans l'illusion. Un bouddha n'est pas une sorte de « surhomme » spirituel tout-puissant ; devenir bouddha, c'est devenir enfin un être humain authentique.

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Je n'ai pas toujours recours à une méthode particulière quand je médite. Je laisse simplement mon esprit s'apaiser et je m'aperçois, surtout lorsque je me sens inspiré, que je peux ramener cet esprit en lui-même et me détendre très rapidement. Je demeure assis tranquillement et me repose dans la nature de l'esprit.

Je n'ai pas de doutes, je ne me demande pas si je suis ou non dans l'état « correct ». Il n'y a pas d'effort, mais seulement une compréhension profonde, une vigilance et une certitude inébranlable.

Quand je suis dans la nature de l'esprit, l'esprit ordinaire n'existe plus. Nul besoin alors de maintenir ou de confirmer un quelconque sentiment d'existence : je suis, tout simplement, dans cette confiance fondamentale.

Et il n'y a rien de particulier à faire.

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Si vous trouvez difficile de pratiquer la méditation chez vous en ville, faites preuve d'imagination, partez dans la nature. La nature est toujours une source d'inspiration inépuisable.

Pour calmer votre esprit, promenez-vous dans un parc à l'aube, ou admirez la rosée posée sur la rose d’un jardin. Allongez-vous sur le sol et contemplez le ciel. Laissez votre esprit se perdre dans son immensité. Que le ciel extérieur éveille le ciel intérieur de votre être. Debout près d'un ruisseau, laissez votre esprit se mêler à la course de l'eau. Unissez-vous à son murmure incessant. Asseyez-vous près d'une cascade et laissez son chant apaisant purifier votre esprit. Marchez le long de la mer et laissez le vent du large caresser votre visage. Célébrez le clair de lune ; que sa beauté emplisse votre esprit de grâce. Asseyez-vous près d'un lac ou dans un jardin et, tout en respirant paisiblement, laissez le silence s'établir en vous tandis que la lune monte, lentement et majestueusement, dans la nuit claire.

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Quand la Vue est constante,
Le flux de Rigpa incessant,
Et la fusion des deux luminosités continuelle et spontanée,

Toute illusion possible est libérée à sa racine même,

Et votre perception tout entière s'élève, sans interruption, en tant que Rigpa.
 

Le terme méditation n'est pas réellement approprié pour la pratique Dzogchen car il suggère finalement l'idée de « quelque chose » sur quoi méditer, alors que dans le Dzogchen tout est uniquement et à jamais Rigpa. Il ne peut donc être question d'une méditation autre que de demeurer simplement dans la pure présence de Rigpa.

Le seul terme adéquat serait celui de non-méditation. Dans cet état, disent les maîtres, même si vous cherchiez l'illusion, elle n'existerait plus. Même si vous vous mettiez en quête de galets ordinaires sur une île d'or et de joyaux, vous n'auriez aucune chance d'en trouver.




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